La chronique de Noémie : le tour du monde de la jeunesse

Noémie a 23 ans, c’est avec son master en poche qu’elle se décide à partir pour un tour du monde de la littérature jeunesse. Pendant son voyage Noémie a visité 7 pays dans lesquels elle a eu l’occasion de rencontrer des acteurs du monde des albums pour enfants. Sept maisons d’édition qui conçoivent et réalisent des albums, lus et relus par tous, les petits comme les grands enfants.

 

Après un premier regard sur la France, Noémie s’est envolée pour :

– Casablanca au Maroc
– Lisbonne au Portugal
– Kigali au Rwanda
– Chennai en Inde
– Wellington en Nouvelle-Zélande
– Santiago au Chili
– Montréal au Canada

Le grand départ

Tout voyage a son point de départ… alors que je boucle ma valise pour 8 mois à travers le monde afin d’établir un panorama de la littérature jeunesse (rien que ça !), le moment est venu d’amorcer notre périple avec un premier pays… j’ai choisi… la France ! Je vais vous parler du pays que je m’apprête à quitter car c’est celui qui a aussi initié mon goût pour les livres et la lecture.

J’ai la chance d’être née et d’avoir grandi dans un pays qui offre une très grande diversité et richesse dans le domaine du livre pour enfants, d’avoir eu le privilège du rituel maternel de la lecture au coin de ma veilleuse, tous les soirs pendant des années. Chaque époque a ses héros ; pour moi, il y a 20 ans, mon enfance a surtout été marquée par Babar puis de Caroline – dont je jalousais la salopette rouge – qui se faisaient parfois voler la vedette par les histoires du Père Castor et les albums de l’École des loisirs. Aujourd’hui, ces noms résonnent encore et sont inscrits dans le patrimoine littéraire français.

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N’y voyez pas un excès de chauvinisme de ma part. Unanimement, la littérature jeunesse française n’a cessé de s’enrichir au point de devenir un pays de référence à l’échelle mondiale, celui dont on admire l’avant-gardisme à chaque foire internationale du livre jeunesse, Bologne en tête. Si les pays anglo-saxons sont encore plébiscités pour leurs belles histoires, pleines d’humour et de poésie, les albums français détonnent par leurs choix graphiques et leurs formats audacieux. Je ne vous dresserai pas ici un panorama complet de tout ce qu’il existe en matière de livre pour enfants en France – cela demanderait plus d’un post. Toutefois, à l’heure du grand départ, je m’interroge sur l’existence quelque part dans le monde d’une littérature aussi folle et inventive que la littérature jeunesse française contemporaine, une littérature qui valorise le travail d’artistes qui osent et s’engagent.

La littérature jeunesse en France a su surtout évoluer avec son temps. Ces dernières années ont vu naître des livres très en avance sur leur temps (je pense à Un livre d’Hervé Tullet qui propose des interactions très évoluées avant même l’apparition de la tablette tactile) et d’autres, au contraire, que l’on croirait datés du siècle précédent, jouant entre un look vintage et un rendu proche de la sérigraphie (en témoigne le magnifique travail de Blexbolex). De mon côté, j’ai assisté à certaines évolutions, j’ai vu des albums conquérir un public d’adultes (ceux de Benjamin Lacombe ou de Rébecca Dautremer) et j’ai même travaillé aux côtés de l’équipe Little Urban pour rajeunir l’image de références intemporelles comme le personnage emblématique du Marsupilami de Franquin (Les Petits Marsus de Benjamin Chaud).

Au-delà de l’évolution, il s’agit surtout d’innovations et d’expérimentations sur le terrain. La France est un laboratoire expérimental. Cela commence parfois dès les bancs de l’école au sein des beaux-arts ou dans des établissements dédiés à l’illustration comme Émile Cohl à Lyon ou les Arts-Déco de Strasbourg. Puis, cela continue et se développe sur le terrain : au cœur des maisons d’édition, en témoigne les multiples formats publiés : des plus petits aux très grands albums, des pop-ups qui vous sautent au visage (comme ceux de Philippe UG) aux livres augmentés qui se prolongent sur écran, des histoires à déplier (allez voir le travail de Julie Stephen Chheng) aux pages découpées au laser d’Antoine Guilloppé. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les mains. Et si je m’inquiète fréquemment de la surproduction littéraire qui menace de noyer les livres dans des masses opaques, je me dis aussi qu’on ne se lasse jamais de la beauté et que chaque artiste, qu’il soit scénariste, illustrateur ou auteur complet, a le droit de s’exprimer.

Le livre est définitivement un voyage. C’est un voyage pour les lecteurs qui sont transportés le temps d’une histoire. Mais c’est aussi un voyage lors de sa conception et de sa réalisation. Un voyage pour le ou les auteurs, les correcteurs, les graphistes, les fabricants, les imprimeurs, les distributeurs, les diffuseurs, les départements communication et les services de presse, les libraires et tous les médiateurs du livre. Quant au rôle de l’éditeur ? C’est de guider ce voyage pour qu’il se déroule dans les meilleures conditions.

Prêt à embarquer ? Prochaine escale le mois prochain : le Maroc !

 

Le Maroc

C’est à Casablanca, métropole effervescente du Maroc, que ma valise se pose pour une première escale dans le monde merveilleux de la littérature jeunesse. Si je m’imaginais facilement découvrir des livres de contes arabes ou berbères louant la grandeur des montagnes ou l’infinité du désert, noyée autant par le soleil que par le thé à la menthe, j’ai très vite déchanté en découvrant la réalité du livre pour enfants au Maroc.

« Combien pour cet album ?
– 9 euros
– 9 euros le livre ? Trop cher !
– 1 euro alors.
– Non ! C’est toujours trop cher. »

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Imaginez ce dialogue en France, quelque part au coin d’une rue, des livres étendus sur un trottoir à même le sol. Surréaliste non ? Moi qui viens d’un pays où le prix du livre est fixé et gravé dans le marbre, où aucun marchandage n’est possible. Eh bien, au Maroc, avant de feuilleter un livre pour en inspecter le contenu, on pose surtout et avant tout la question du prix.

Il faut dire qu’ici la lecture est loin d’être une habitude quotidienne, quel que soit l’âge concerné. On la voit comme un loisir trop cher, trop individualiste aussi peut-être dans un pays où on ne peut jamais vraiment s’isoler. Le livre jeunesse, au Maroc, est un média inaccessible voire inaudible et ce pour plusieurs raisons.

La première est la barrière de la langue. À l’arabe dialectal propre à chaque maison marocaine, et même parfois la langue berbère, vient très vite se superposer chez l’enfant l’apprentissage complexe de l’arabe littéral, une langue qui admet par exemple plus de 1000 termes pour désigner le « chameau », rien que ça. Puis, à partir de la 3e année de primaire, le français entre dans la danse. Bref, c’est la cacophonie linguistique.

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Entre le français, l’amazigh (la langue berbère) et l’arabe, il y a une grande différence

Quand on est enfant, nos livres préférés ne racontent-ils pas souvent des histoires simples, des récits qui évoquent des scènes de nos vies quotidiennes ? Nos premiers pas à l’école, nos balades en forêt, les baignades à la mer. Alors que se passe-t-il quand ces récits racontent uniquement la vie des autres, avec des référents culturels qui ne sont pas les nôtres ? Au Maroc, il y a très peu d’éditeurs jeunesse, la majorité des livres jeunesse disponibles en librairie sont importés de pays occidentaux ou d’autres pays arabes, et donc très peu de livres se référent directement à la vie quotidienne marocaine. Où sont les tagines au déjeuner et les crêpes marocaines, ou msemmen, du petit déjeuner ? Pourquoi personne ne porte de djellaba ou de babouches dans les albums ?

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Illustration de l’album Le mouton du septième jour paru aux éditions Yanbow Al-Kitab en 2017

Enfin, une dernière raison de cette inaccessibilité est tout simplement le problème de la distribution des livres jeunesse au Maroc. Une présence clairsemée dans les librairies, peu de visibilité dans les bibliothèques (impossible de trouver un livre jeunesse à la bibliothèque nationale du Maroc par exemple) et des éditeurs qui doivent jouer les distributeurs à cause d’un réseau de diffusion-distribution très lacunaire.

Le tableau est-il si sombre ? J’ose espérer que non. Quelques initiatives peuvent changer la donne. Un lieu est au centre de toutes les attentions : l’école. Pour que les générations futures soient des générations de lecteurs, il s’agit de les habituer tout jeune à la présence de livres. Éditeurs et associations travaillent ainsi main dans la main pour favoriser l’accès aux livres dans les écoles, privées et publiques, et créer des bibliothèques d’école qui soient des lieux de passage et d’activités autour du livre.

Le salut pour le développement de la littérature jeunesse au Maroc est également intimement lié à son évolution dans le monde arabe. Le partage de la langue permet alors d’étendre les marchés et les réseaux de distribution. Le Maroc peut alors bénéficier de l’importation de livres jeunesse en arabe de très bonne qualité en provenance des Émirats Arabes Unis (comme les éditions Kalimat), du Liban (on pense alors à des éditeurs comme Samir ou Dar Onboz) ou de la Jordanie (l’éditeur Al Salwa par exemple) et exporter ses propres ouvrages (ceux de Yanbow Al-Kitab ou de Yomad). Le salon du livre de Sharjah, d’Abu Dhabi ou de Casablanca sont alors des lieux incontournables de rencontres et d’émulation.

Il y a encore tant à faire ici.

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le portugal

Ce mois-ci, il y a comme une odeur de pasteis de nata qui flotte dans l’air, les vitrines sont remplies de ces petits soleils qui croustillent sous les dents et viennent fondre sur la langue. Vous l’aurez deviné, nous sommes au Portugal. Qui dit février, dit la chance de pouvoir fêter Mardi gras au Portugal, un jour férié particulièrement fêté ici. Pour Lisbonne et ses diverses facettes, c’est un peu tous les jours le Carnaval !

Vous êtes-vous déjà promenés dans les ruelles de Lisbonne ? Si oui, vous avez dû remarquer que la principale caractéristique de cette ville, la fierté de ses habitants et ce qui attire de nombreux touristes, est son soleil. La météo très clémente du pays a de nombreuses conséquences plus ou moins insoupçonnables sur l’atmosphère si particulière qui se dégage de cette ville. Il y a comme un rayonnement de couleurs entre les murs pastel (rose, jaune, bleu) et les carreaux de faïence (les fameux azulejos) dont les motifs diffèrent d’un bâtiment à l’autre.

Portugal

On me dit qu’il fait rarement aussi froid au Portugal que cette année mais, à part les arbres dénués de feuilles, c’est pour moi comme si l’hiver n’existait pas. Vous pensez que j’exagère ? En feuilletant l’album O Livro dos Quintais édité par Planeta Tangerina, écrit par Isabel Minhós Martins et illustré par Bernardo P. Carvalho (tous deux Portugais), je remarque que cette histoire présente une étonnante homogénéité des couleurs. L’album évoque pourtant l’alternance des saisons et les mois qui défilent. Là où, en France, nous aurions eu des couleurs chaudes en été et du gris en hiver, ce sont les mêmes couleurs vives quelle que soit la saison au Portugal. À ceci, on me répond «c’est que nous avons du soleil toute l’année au Portugal 

Rien de surprenant d’être tout de suite émerveillée par toutes ces couvertures colorées qui semblent me supplier de les prendre entre mes mains lorsque je rentre dans une librairie jeunesse indépendante. Ici, par exemple la librairie Baoba ou encore la librairie It’s a book.

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Beaucoup d’aplats de couleurs donc et un design très graphique, souvent quasi géométrique. Là encore, cela reste dans la continuité de la ville où chaque mur, lorsqu’il n’est pas recouvert par la céramique bien sûr, se transforme en fresque street-art. Même les poubelles sont soigneusement déguisées en personnages de la pop culture plus ou moins identifiables.

Cela démontre aussi d’une certaine sensibilité artistique davantage tournée vers le visuel et l’image que vers les textes. N’étant pas lusophone, je ne peux pas me prononcer sur la qualité des textes dans les albums pour enfants portugais. Malgré tout, je constate que les éditeurs jeunesse portugais n’hésitent pas à publier des albums sans parole, difficile à vendre pour les libraires, et même des livres de coloriage mettant en avant des illustrateurs portugais. Et lorsqu’ils achètent les droits de livres étrangers, nous retrouvons là-aussi de grands noms de l’illustration jeunesse internationale : Benjamin Chaud (Les petits marsus, parus chez Little Urban), Jon Klassen  (1, 2, 3 On est tous des cats parus chez Little Urban), Beatrice Alemagna ou Serge Bloch.

À priori, dans les maisons d’édition, l’une des raisons évoquées pour expliquer cette prédominance de l’illustration viendrait de la difficulté à trouver des auteurs jeunesse portugais de qualité pour écrire les histoires. Les projets édités seraient majoritairement des envies d’illustrateurs. C’est alors parfois à l’éditeur d’assumer le rôle de l’auteur, brodant des histoires autour des illustrations.

bibliotheque portugal

Si le Portugal est un petit pays où le livre peine à se répandre du fait du faible revenu moyen des Portugais (rappelons que le SMIC local est d’environ 650 euros alors que les livres sont vendus à un prix similaire au prix français) et d’un manque de librairie à l’extérieur des grandes villes, l’aspect très « arty » des albums pourrait également trouver une explication dans l’histoire récente du pays.

En effet, des années 30 à 1974, le pays est sous le jong du dictateur Salazar. Alors, les principales publications destinées à la jeunesse proviennent du gouvernement, souvent des outils de propagande, et la censure règne. Cette censure s’exerce de manière plus poussée sur les textes que sur les illustrations ce qui laisse plus de marges de manœuvre aux illustrateurs pour faire passer des messages subversifs via l’image. Lorsque la dictature prend fin, l’édition jeunesse se développe, notamment sous l’influence d’éditeurs espagnols puis, dans les années 2000 grâce à l’apparition d’éditeurs indépendants très vite reconnus à l’international pour la qualité (graphique) de leurs ouvrages : le premier est Planeta Tangerina puis il y aura Orfeu Negro, Pato Logico… Les illustrateurs subversifs des années Salazar se libèrent des contraintes imposées et peuvent à présent s’exprimer en toute liberté tandis que les nouveaux artistes, issus d’écoles d’arts graphiques ou de design, puisent leur influence dans les styles déjà développés par leurs aïeux. Cela donne des albums au style arty très prononcé qui ne cessent de séduire les éditeurs jeunesse du monde entier. Un pays à surveiller de très près lors de la prochaine foire du livre jeunesse de Bologne fin mars.

livres portugal

Le mois prochain, ce sera un tout autre univers puisque le prochain pays est : le Rwanda.

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le rwanda

Comme prévu, grand écart entre le Portugal et le Rwanda ce mois-ci. Direction l’Afrique des Grands Lacs pour comprendre plus précisément où en est et où va la littérature jeunesse dans le pays des milles collines (en réalité, il y en a bien plus que ça). Commençons d’abord par une petite remise en contexte. Le territoire rwandais représente environ 1/20 de la superficie de la France, parler de « petit pays » n’a donc rien d’erroné. Malgré tout, le Rwanda a été tout au long de son histoire un pays relativement enclavé de l’est africain, replié sur lui-même, avec une culture et des traditions qui lui sont propres.

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Cela commence par la langue : le kinyarwanda. Le Rwanda est un des seuls pays africains dans lequel quasi l’intégralité de la population partage une seule et unique langue. Bien que le français et l’anglais soient également reconnus langues nationales, le kinyarwanda est la langue de la vie quotidienne et a permis à des éditeurs jeunesse comme les Éditions Bakame de proposer des livres pouvant être compris par tous les enfants rwandais et pouvant servir à l’apprentissage et à l’enrichissement de la langue.

De cette langue découle une tradition littéraire orale millénaire. Bien avant la colonisation du pays par les Allemands puis les Belges, des histoires, les imigani, étaient contées lors de veillés nocturnes. Se mêler alors à la fois la richesse et la musicalité de la langue kinyarwanda et les sons des instruments qui accompagnaient ces contes comme le tambour ou la cithare. Aujourd’hui, l’enjeu principal pour la littérature jeunesse est de puiser dans cet imaginaire commun pour transposer sur papier des histoires qui, pour beaucoup de Rwandais, n’ont de sens qu’à l’oral.

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Une langue riche de proverbes, de devinettes et de dictons donc mais une mise à l’écrit qui doit encore trouver son sens et ses bases, surtout quand on sait que l’orthographe et la grammaire du kinyarwanda n’ont été fixées que tout récemment, en 1978.

Si le relief est tortueux, les Rwandais, eux, sont généralement connus pour leur droiture. Dans les histoires pour enfants, nous retrouvons souvent une morale à la fin et les thèmes choisis sont majoritairement à visée éducative. Ce peut être alors des livres sur l’écologie ou sur les rapports entre les individus d’une même famille.

Les illustrations et la mise en page sont encore les parents pauvres des livres pour enfants rwandais. Malgré l’apparition de nombreuses galeries à Kigali qui exposent des artistes rwandais autodidactes et qui organisent des ateliers de sensibilisation à l’art à destination des enfants, peu de ces artistes semblent vouloir se tourner vers l’illustration de livres jeunesse. À mon sens, il y aurait pourtant tant à y gagner aux vues des œuvres présentées dans les galeries, pleines de couleurs et de motifs, à l’image des fameux tissus wax, à la mode ces derniers temps en Europe, et qui sont très présents au Rwanda. Au niveau institutionnel, aucune école d’art ne permet de former des illustrateurs pour le moment.

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Des livres voient donc le jour. Mais sont-ils lus et par qui ? Kigali compte deux librairies et une bibliothèque. Le reste du pays est encore plus mal pourvu. En l’absence d’un réseau de distribution, les livres sont commandés directement par les écoles ou par les ONG qui les distribuent ensuite aux enfants.

Là est probablement un des enjeux les plus criants de l’édition jeunesse au Rwanda : pouvoir être diffusée dans tout le pays. Et si les enfants d’aujourd’hui s’habituent progressivement au livre lui-même, peut-être que les générations à venir seront des lecteurs. Car, pour l’heure, l’édition pour adulte rwandaise est réduite à néant. L’enjeu est de taille quand on sait que près de la moitié de la population rwandaise a aujourd’hui moins de 20 ans.

Rendez-vous le mois prochain pour partir à la découverte de l’Inde !

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Direction l’Inde du Sud-Est ce mois-ci et Chennai, la capitale tamoule. Un sacré challenge pour moi puisque je m’apprête à vous offrir une introduction, aussi modeste soit-elle, à la littérature jeunesse en Inde. J’insiste ici sur le terme d’introduction parce que le pays est un continent à lui tout-seul tant il est vaste et pluriel. On y mélange les épices (ici tous les plats sont au massala du petit-déjeuner au diner, du thé au curry de légumes) mais aussi les langues (pas moins d’une vingtaine de langues officielles avec chacune un système d’écriture différent) et les arts. Et cela ouvre considérablement le champ des possibles.

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Premier constat : le marché de l’album jeunesse en Inde se développe. Il suffit de rentrer dans n’importe quelle librairie pour remarquer que la section jeunesse occupe une part non négligeable de la production livresque. S’il y a bien sûr de quoi s’en réjouir, il faut tout de même avoir en tête que la littérature jeunesse est comme Harvey Dent, double-face. D’un côté, vous avez les filiales des groupes éditoriaux anglo-saxons qui inondent le marché avec des titres très commerciaux et de licences internationalement connues. De l’autre, vous avez les éditeurs indépendants qui proposent des livres avec des référents indiens dans les thèmes choisis ou les types d’illustrations. Si une telle séparation existe dans tous les pays, elle est tout particulièrement marquée en Inde avec certaines librairies ne proposant que des ouvrages commerciaux ou des étagères séparées selon le type de livres. Pour ma part, je vais davantage vous parler de l’édition jeunesse indépendante indienne.

J’ai eu la chance de me retrouver un mois à Chennai. Si vous connaissez cette ville, vous devez me prendre pour une folle car Chennai est, à première vue, dépourvue d’attraits. Et pourtant, j’ai pu y découvrir trois éditeurs jeunesse indépendants complètement différents et qui reflètent bien toute la diversité de l’Inde.

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L’Inde a d’abord une tradition orale importante et son histoire s’est construite autour de nombreux contes et légendes. L’hindouisme, la religion majoritaire en Inde, y est pour beaucoup dans la continuité de cette tradition littéraire à travers le temps. Deux épopées mythologiques, le Mahabharatha et le Ramayana, ont longtemps influencé les récits indiens racontés en famille. Dans le nord de l’Inde, par exemple, à défaut de pouvoir vous rendre au temple, celui-ci venait à vous sous la forme d’un kaavad, un petit théâtre en panneaux de bois utilisé pour illustrer et inventer des histoires. Cette tradition du conte, on la retrouve aujourd’hui, en plus ludique, chez l’éditeur Karadi Tales qui tente de moderniser et d’actualiser de nombreux contes traditionnels indiens. Cela passe souvent par l’humour dans le texte, les illustrations mais aussi dans les enregistrements audio car de nombreux ouvrages sont disponibles en version audio.

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Karadi Tales a choisi de publier ses livres majoritairement en anglais. Si cette langue unit linguistiquement le pays, elle est aussi la trace du passé colonial indien. Aucune autre langue ne fait consensus. À Chennai, par exemple, c’est le tamoul qui prévaut et personne ne vous comprendra si vous commencez à parler en hindi. Pour toucher le plus grand nombre d’enfants possible à travers le pays, certains éditeurs n’hésitent pas à publier simultanément le même ouvrage en plusieurs langues. Tulika Books, un autre éditeur jeunesse basé à Chennai, propose ainsi certains de ses livres en pas moins de neuf langues différentes. Imaginez le travail de traduction qu’il y a derrière chaque livre. Un exemple : comment traduire fidèlement le nom d’un personnage dans des langues qui n’ont pas les mêmes sonorités ? Ou encore, comment retrouver les jeux de mots et de rimes d’une langue à l’autre pour une même histoire ? D’une région à l’autre de l’Inde, la vie quotidienne peut être si différente à traduire elle-aussi. Pour ma part, je n’ai jamais vu de pain naan au menu des restaurant ici à Chennai mais plutôt des dosai et des chapati (deux sortes de crêpes indiennes).

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Diversité des cultures qui implique inévitablement une diversité des arts. L’art fait partie de la vie quotidienne indienne, on le retrouve partout : sur les murs, sur les sols (avec les kôlams dessinés par les femmes chaque matin sur le seuil des maisons) ou sur les tissus. Chaque tribu indienne semble ainsi avoir développer sa propre forme d’expression artistique. La tribu des Gonds (dans le centre du pays) ne dessine qu’en lignes et points tandis que celle des Warli (près de Bombay) préfère les formes simples, géométriques, dessinées à la pâte de riz sur des murs ocres. La mise en valeur de ces traditions picturales multiples est au cœur du projet éditorial de Tara Books qui joue avec l’esthétique du livre et attache une attention à la fabrication de ces derniers. C’est le cas notamment pour leurs ouvrages imprimés entièrement à la main dans leur imprimerie selon le principe de la sérigraphie. Un travail colossal qui ne semble pouvoir exister qu’ici, en Inde. Plus généralement, l’illustration occupe une place très importante en Inde, où même les enfants prennent plaisir à lire des livres sans texte. La distinction auteur/illustrateur est plus marquée ici qu’en France avec peu d’artistes complets et les illustrateurs n’hésitent pas à expérimenter graphiquement notamment avec un goût prononcé pour les collages et le mixed-media.

Rendez-vous le mois prochain pour de nouvelles découvertes au pays des Kiwis: la Nouvelle-Zélande !

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Ce mois-ci, nous partons pour l’autre bout du monde, aux antipodes de la France, au pays des verts pâturages et des blancs montons (non ce n’est pas un cliché) : la Nouvelle-Zélande.

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Territoire isolé à l’envers de la Terre, la Nouvelle-Zélande s’est construite au gré des vagues de migrations successives qui ont jalonnées son histoire. Il y a d’abord eu les Maoris au XIIIe siècle, puis les Européens 300 ans plus tard (Pakeha en maori) et, ces dernières années, des migrants en provenance d’Asie avec de nombreuses communautés chinoises, japonaises, indiennes… Ce métissage a façonné la culture kiwi et, ici, tout est fusion, de la cuisine… à la littérature jeunesse.

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Une nouvelle fois, après l’Inde le mois dernier, nous nous retrouvons dans un pays anglo-saxon. Attachée au Commonwealth, la Nouvelle-Zélande célèbre autant le tout-récent mariage du Prince Harry que le merveilleux des classiques de la littérature jeunesse britannique (Alice au pays des merveilles, Peter Pan ou le Gruffalo). Que ce soit dans les librairies ou les bibliothèques, la grande majorité des albums jeunesse présents sur le marché kiwi proviennent ainsi des grosses maisons d’édition jeunesse britanniques ou américaines.

Est-ce à dire que la littérature jeunesse néo-zélandaise n’existe pas ? Non, bien entendu. Il existe une littérature jeunesse néo-zélandaise qui est d’ailleurs souvent séparée des autres titres anglo-saxons lorsqu’elle est présentée dans les rayons. Et pourtant, pour être honnête, elle n’a pas vraiment besoin d’une étagère spécifique pour être distinguée des titres britanniques ou américains. L’édition jeunesse néo-zélandaise ressort d’elle-même souvent par une qualité moindre dans la fabrication de ses ouvrages et l’apparence un peu datée de ses illustrations. Si je ne suis pas tendre avec les ouvrages kiwis, c’est parce que la différence est instantanément visible (et palpable). Peut-être est-ce à cause de la petitesse du pays qui permet de faire parler de soi sans grands efforts de communication, mais la majorité des éditeurs néo-zélandais indépendants sont souvent seuls à travailler sur leurs ouvrages avec un amateurisme proche de l’auto-édition. Les couvertures sont alors souples, les illustrations un peu grossières ou datées et les thèmes des histoires reprennent les référents culturels locaux avec une grande place donnée à la nature et à la flore et la faune (les couvertures exhibent fièrement des kiwis, l’oiseau-symbole de la Nouvelle-Zélande). Qu’il s’agisse de livres en maori, un marché qui se développe petit à petit, ou de livres en anglais, les ouvrages néo-zélandais font un peu pâles figures à côté de ceux importés.

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Quelques auteurs/autrices et quelques illustrateurs/illustratrices arrivent à tirer leurs épingles du jeu et sont de véritables classiques de la littérature jeunesse kiwi comme l’autrice Joy Cowley ou l’auteur-illustrateur Gavin Bishop. Mêlant humour et facétie dans leurs histoires respectives depuis plus de trente ans, tous deux sont devenus au fil de leurs ouvrages des figures trans-générationnelles en Nouvelle-Zélande, arrivant même à s’exporter à l’étranger. Les livres intemporels, les illustrations traditionnelles plaisent aux Néo-Zélandais. Si les enfants sont souvent éduqués selon une pédagogie très positiviste, où le « non » ferme est proscrit et les réprimandes interdites, les livres pour enfants kiwis ne cherchent pas à brusquer ou à choquer le lecteur.

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Malgré tout, il est à noter que l’ouverture sur le monde de la littérature jeunesse kiwi va au-delà du monde anglo-saxon. Lorsque vous allez à la bibliothèque centrale de Wellington, par exemple, de nombreux ouvrages pour enfants sont proposés dans leur version originale (que ce soit pour les langues régionales comme le samoan ou pour des langues plus exotiques comme le russe) et des heures du conte sont organisées en mandarin. À souligner également la ligne éditoriale de l’éditeur Gecko Press qui, depuis 2005, axe son catalogue sur la traduction en anglais de classiques de la littérature jeunesse étrangère (scandinave, française, japonaise, germanique ou hollandaise par exemple). Sur les étagères, les ouvrages Gecko Press ressortent également du lot (en bien cette fois-ci) en proposant des univers graphiques et narratifs très différents. C’est alors comme si deux mondes coexistaient : la Nouvelle-Zélande cosmopolite, en communication permanente avec le reste du monde, et la Nouvelle-Zélande traditionnelle.

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Changement de continent et de langue pour le prochain pays avec un passage par l’Amérique latine et le Chili.

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Que le temps passe vite ! Nous voici déjà arrivés à l’avant-dernier pays de notre tour du monde. Ce mois-ci, nous partons pour le Chili. La cordillère des Andes figée au loin comme point de repère, le voyage (au cœur de la littérature jeunesse chilienne) peut commencer !

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Boom ! C’est un peu par cette onomatopée que nous pouvons résumer la situation actuelle de la littérature jeunesse chilienne. Mais pas n’importe quel boom, un boom de l’illustré (aussi bien à destination des enfants que des adultes d’ailleurs). Parler d’albums il y a une vingtaine d’année au Chili revenait à évoquer un objet volant non identifié provenant de planètes éloignés (ou plutôt de pays éloignés avec l’influence tout de même de la production espagnole). Avant les années 2000, la littérature jeunesse chilienne avait ses références nationales, que l’on trouve toujours dans toutes les maisons chiliennes : la BD Condorito, les poèmes de Gabriella Mistral ou encore la série de romans de Papelucho… Mais, comme beaucoup d’incontournables, ceux-ci étaient de l’ordre de l’intemporel, leur création datant pour certains d’entre eux des années 40.

Changement de perspectives donc avec le nouveau millénaire et la création de plusieurs maisons d’édition spécialisées dans le livre illustré jeunesse et tout particulièrement « l’album » (j’insiste vraiment sur cette dénomination). Parmi elles, citons Amanuta, Pehuén ou Ekaré Sur (branche chilienne de l’éditeur vénézuélien Ekaré qui existe depuis les années 70). En réalité, avant d’évoquer les éditeurs, il est plus juste de mettre en lumière le travail et l’impulsion donnés par les artistes pour faire reconnaître l’illustrations comme moyen d’expression pouvant s’inscrire dans le patrimoine littéraire du pays. Car, si le Chili est davantage connu pour sa poésie et ses poètes (Pablo Neruda, Gabriella Mistral ou Nicanor Parra pour citer les plus célèbres), la littérature jeunesse chilienne sort aujourd’hui peu à peu son épingle du jeu et s’illustre sur la scène mondiale (dans tous les sens du terme).

L’importance du graphisme n’est pas d’aujourd’hui avec notamment la culture du graffiti à travers le pays dans des villes comme Santiago ou à Valparaiso pour faire passer des messages politiques ou idéologiques. Dans les années 70, la Brigada Ramona Parra se forme autour de jeunes communistes qui refont le monde comme ils repeignent les murs. Mis en sourdine par l’oppression du régime de Pinochet, ils continuent leur art sur des prospectus clandestins. Comme ce fut le cas pour notre escale portugaise, il faut là encore attendre la fin de la dictature pour voir les arts graphiques s’épanouir de nouveau et renaître. En littérature jeunesse, la décennie des années 2000 marque un véritable tournant avec la création du collectif Siete rayas qui regroupe huit illustrateurs chiliens particulièrement prolifiques (aussi bien dans leur pays qu’à l’étranger) : Carmen Cardemil, Alberto Montt, Raquel Echenique, Alex Pelayo, Francisco Javier Olea, Bernardita Ojeda, Loreto Corvalan et Paloma Valdivia.

Au regard de la production actuelle d’albums chiliens, on se rend compte qu’il y a une véritable volonté de développer une illustration chilienne contemporaine qui s’inscrive dans l’identité nationale. Les catalogues des éditeurs chiliens comme Amanuta et Pehuén proposent ainsi tout autant des fictions que des livres illustrés mettant en avant des références culturelles chiliennes ou plus généralement américaines ; se réapproprier d’abord l’histoire du pays, des civilisations précolombiennes aux vagues de migrations successives venues souvent d’Europe depuis la Conquista espagnole ; retranscrire les contes et les légendes traditionnels des peuples indigènes ; narrer les vies extraordinaires des grands poètes et des grands auteurs sud-américains comme Borges. Mais également s’ouvrir au monde et proposer une réflexion sur des problématiques actuelles avec notamment de nombreux livres abordant la question du féminisme dès le plus jeune âge (il n’y a pas d’âge pour éduquer à l’égalité des sexes).

Une littérature jeunesse qui se développe doucement mais sûrement. Tout du moins au niveau de la création. Pour ce qui est de l’accès aux livres, le tableau est malheureusement un peu moins resplendissant. Le prix du livre est souvent plus élevé qu’en France et il y a peu de bibliothèques municipales. Les écoles jouent un rôle important de médiation vers le livre avec des bibliothèques dans les classes et l’organisation de foires au cours desquelles les livres sont bradés (pas de prix unique du livre ici). Mais, dans un pays aussi libéral que le Chili, où l’éducation coûte cher, il y a de grandes disparités entre les écoles. Forcément, selon leur milieu social, les enfants n’ont pas la chance d’être exposés de la même façon aux livres. Aujourd’hui, des projets de loi sont actuellement à l’étude, notamment un visant à supprimer la TVA sur les livres, pour favoriser l’accès à la lecture pour tous. foire

À suivre donc.

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le québec

Que cela me fait tout drôle de me dire que nous sommes déjà rendus à la dernière escale de notre tour du monde de l’édition jeunesse : le Québec. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je profite de ce dernier post pour vous remercier d’avoir suivi cette aventure, car ce fut une sacrée aventure, et exprimer également ma reconnaissance à toute l’équipe de Little Urban qui a cru à ce projet dès le début et l’a rendu possible. Vous êtes top !

Avant mon retour en France, revenons sur notre dernier pays : le Québec. Le ton est tout de suite lancé, je parle du Québec et non du Canada. Le Québec a vraiment une identité particulière au sein du Canada, notamment du fait de son utilisation de la langue française. Évoquer la littérature jeunesse à Montréal, c’est être en plein dans les albums québécois et plus largement francophones. L’anglais n’est jamais bien loin mais je vais surtout vous donner quelques pistes de découvertes quant au marché du livre jeunesse francophone.

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L’album québécois se distingue par sa singulière liberté. Liberté dans les thèmes et dans les tons employés, l’humour paraît plus mordant ou plus absurde tandis que des sujets graves sont abordés sans concession. N’ouvrez pas ces livres, ils vont vous faire pleurer (de rire ou de tristesse). Certains titres annoncent ainsi la couleur d’emblée comme Le livre où la poule meurt à la fin ou encore Une histoire de cancer qui finit bien. Au niveau des illustrations aussi, aucune censure quant à la réalité de la vie : les enfants peuvent courir tout nus dans La Tribu qui pue et les doudous préférés des enfants s’autorisent un petit verre de rouge dans Pourquoi, un jour, il faut se résoudre à abandonner son nounours adoré.

Plus généralement, par rapport à la France, le livre perd un peu de son sacré et devient plus décomplexé, plus accessible peut-être aussi. À la Grande Bibliothèque de Montréal, les étagères de jeux vidéo font face à celles des livres audio et des « lectures faciles » sont proposées aux lecteurs les plus récalcitrants. Dans les rues de Montréal, le livre vient à vous avec de nombreuses petites maisons bibliothèques réparties dans la ville où il est possible de déposer des livres et de venir en récupérer gratuitement. Les catégories de livres sont mouvantes à l’image de la catégorie « albums pour adolescents » que j’ai pu rencontrer dans une des plus grandes librairies de la ville. Dans celle-ci, on trouve notamment de nombreux livres de l’éditeur montréalais La Pastèque, spécialisé en albums et en bandes dessinées. Celui-ci propose notamment des albums aux sujets durs et à la pagination importante plutôt destinés à un public plus mature que les albums jeunesse classiques.

Pourquoi une telle liberté ? J’avoue ne pas avoir forcément la réponse à cette question. Seulement quelques hypothèses, tout à fait discutables, me viennent en tête. Parmi elles, l’envie de se démarquer du voisin américain, un des marchés du livre jeunesse les plus puritains et conservateurs au monde. De nombreux illustrateurs évoquent par exemple l’obligation de retravailler leurs illustrations pour les adapter au marché américain, en rajoutant quelques morceaux de vêtements par exemple.

Une autre explication pourrait venir des subventions octroyées par la province québécoise et l’État canadien pour aider au développement de la création éditoriale locale et à sa distribution. Si le marché du livre québécois est encore surtout constitué de livres français, le financement des librairies se fait notamment sur des critères de représentation de la variété éditoriale locale. D’où une certaine incitation à proposer des livres québécois et des éditeurs qui osent plus expérimenter dans les thématiques ou les formes des livres.

Les Québécois sont faciles à reconnaître par leur accent, leurs mots et leurs expressions typiques. Malheureusement j’ai envie de dire, la parlure québécoise comme on la nomme ici est loin d’être représentée dans les albums jeunesse. Par soucis de viser un public le plus large possible, les éditeurs jeunesse québécois vont souvent retravailler les textes pour les rendre plus neutres et pouvoir les exporter dans d’autres pays francophones, dont la France. On remplace donc le mot « gougoune » par des « sandales de plage » ou encore le mot « glissoire » par un « toboggan ».

Un rapport à la France qui est donc un peu ambivalent, à la fois canal de rayonnement culturel du Québec à travers le monde et censeur qui va imposer sa langue correcte. La littérature jeunesse québécoise se veut un peu insolente, une sorte d’éternelle adolescente révoltée contre le monde entier et ses règles établies mais toujours dans l’air du temps.

Merci encore à vous chères lectrices et chers lecteurs.

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