Pour les 5 ans de Little Urban, nous vous emmenons dans les coulisses de notre belle maison, à la rencontre de l’équipe de choc !
Audrey, directrice éditoriale, ouvre le bal !
Est-ce que tu peux te présenter en deux mots ?
« Solitaire et Solidaire », pour reprendre les mots de Victor Hugo. Ces deux mots que je pose sur deux ressentis dans mon quotidien sont intimement liés à l’exercice du métier d’éditeur et à ma personnalité, depuis toute petite.
Peux-tu nous résumer ton parcours ?
Après une maîtrise spécialisée en Histoire de l’Antiquité (oui, je peux vous parler longuement de la correspondance de Pline le Jeune avec l’empereur Trajan mais il va falloir quelques heures supplémentaires, j’en reviens donc à nos moutons, celui du Petit Prince et autres œuvres déterminantes qui ont forgé mon amour des livres pour enfants) suivie d’un DESS éditorial spécialisé en littérature jeunesse (eh oui, c’était l’époque des DESS et non encore des MASTER, soupir), j’ai commencé par la fameuse case stage : au pôle beau livre des Éditions Larivière.
De la relecture de manuscrits à la création d’un fichier presse en passant par l’apprentissage des premières notions de maquette, je garde surtout en tête les chouettes moments partagés avec les quatre autres personnes qui partageaient le même petit open space. C’est cette expérience du travail en équipe autour d’un projet commun qui m’a donné envie de poursuivre. Car un livre est avant tout le fruit du travail d’une équipe, c’est ce que j’aime.
J’ai ensuite enchaîné avec un autre stage de 9 mois aux éditions Delcourt pour connaître le Graal : la première embauche dans le secteur de l’édition (en tant que secrétaire de rédaction à l’éditorial puis au marketing). Huit ans de bons et loyaux services qui m’ont permis de connaître une autre facette du métier, pas la plus sympathique : les deadlines ? Travailler sur le catalogue Delcourt a été particulièrement formateur, expérience que je mets à profit chaque jour dans mon travail d’éditrice. Ce fut également de belles rencontres (l’équipe, toujours l’équipe) et mes premières rencontres professionnelles avec des auteurs et autrices qui ont marqué mon esprit comme Alfred, Frédéric Blanchard (et ses complices du label Série B), David Chauvel, Chloé Cruchaudet, Wilfrid Lupano, Cyril Pedrosa, Lewis Trondheim et bien d’autres.
C’est en janvier 2014 que Pôl Scorteccia m’a ouvert la porte des éditions Urban Comics (là aussi, une très belle rencontre avec une équipe formidable). En charge de l’événementiel, j’ai assisté l’éditorial sur le catalogue d’Urban Comics, donc côté BD, mais déjà avec une casquette sur la jeunesse (je ne saurais que trop vivement vous recommander la collection Urban Kids). En parallèle, le travail de veille sur l’illustration jeunesse commençait avec en ligne de mire la création d’un catalogue d’albums pour enfants… et la naissance de Little Urban.
Quelles sont les missions d’une directrice éditoriale ?
Elles sont multiples et propres à la structure de chaque maison.
Little Urban est une jeune maison. Il a donc fallu créer une ligne. La mission principale consiste à garder le cap de cette ligne mais de savoir s’en affranchir pour prendre des risques et proposer le planning éditorial le plus intéressant possible (en tenant compte de nombreux impératifs qu’ils seraient long et ennuyeux – mais nécessaires à la bonne marche d’une production éditoriale – de lister ici). La mission prioritaire est intimement liée à mon autre casquette d’éditrice : l’accompagnement des auteurs et autrices pour mener à bien la réalisation de leur ouvrage. Créer le plus bel écrin possible, répondre à leurs attentes, faire vivre une maison dans laquelle ils se sentent bien – un refuge pour créer en toute liberté –, tout du moins s’en approcher au maximum, c’est la mission de tous les jours. Cela passe par de nombreux détails, pas seulement sur le plan éditorial mais surtout, surtout sur le plan humain.
Enfin, travailler à l’éditorial d’une jeune maison, parfois, relève de tout sauf de l’éditorial (selon les périodes) : coordonner la promotion et la diffusion, participer aux salons, séminaires commerciaux, journées libraires et bibliothèques pour défendre régulièrement la ligne et les nouveautés…. Et je passe les nombreuses autres missions en parallèle. Heureusement, au fil des années, l’équipe se développe et de merveilleuses personnes reprennent à cœur le détail de ces missions. Coordonner les équipes en interne et en externe (graphistes, correcteurs, traducteurs, etc.) reste une partie très importante du métier de directrice éditoriale.
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As-tu une journée type ?
Impossible : les missions et les projets sont très, trop différents. Mais, c’est ce qui fait qu’on ne s’ennuie jamais ? Ah si, un point commun entre toutes ces journées : elles sont trop courtes pour mener à bien chaque tâche dans le temps imparti, que ce soit les auteurs, les éditeurs, les collaborateurs qui ont le goût des choses soignées, du travail accompli.
Comment choisissez-vous les projets ?
Nous sommes un comité éditorial composé de quatre personnes : Pôl, le directeur général de Little Urban, Barbara et Julien, mes indissociables acolytes talentueux, et moi-même.
Chacun peut apporter un projet, il sera étudié par le comité. Nous avons, en matière de littérature jeunesse, des influences et des goûts très divers, c’est ce qui fait notre force : pour être publié, un projet doit obtenir l’unanimité. Parfois, c’est une évidence, parfois il faut convaincre les autres membres du comité. Certains projets répondent plus à la sensibilité de l’un de nous quatre mais au final nous nous retrouvons toujours. Si trop d’hésitations demeurent, nous n’insistons pas : c’est l’harmonie de nos quatre personnalités, le fruit de nos concertations qui ont créé l’âme de Little Urban.
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Comment se passe la création d’un livre ?
Il n’y a pas une seule façon de créer un livre. Tout dépend du projet et de l’idée initiale de l’auteur. Tout ce qui s’ensuit est de l’ordre de l’accompagnement du projet et de l’auteur : création d’un chemin de fer, choix du papier, du format, travail de la chromie, vérification des fichiers, présentation à la diffusion, aux commerciaux, travail promotionnel, etc. Pour les plus curieux, nous avons créé une exposition itinérante à destination des bibliothèques concernant la création du livre À la recherche de la carotte bleue (14 panneaux illustrés), n’hésitez pas à demander les dates et lieux de passage de l’exposition ?
Éditer un livre, c’est plutôt solitaire ou c’est un travail d’équipe ?
Les deux mon capitaine, l’un ne va pas sans l’autre ; on lit seul, on lit à plusieurs, on réfléchit seul, on réfléchit à plusieurs, on se sent seul et on se sent solidaire d’une équipe qui œuvre dans le même sens. Qu’est-ce qui fait que l’on passe de l’un à l’autre ? La vie du livre et de la maison avec ses hauts et ses bas.
Qu’est-ce que tu préfères dans ce métier ?
L’émulation. Qu’elle émane d’un auteur ou de l’équipe, ou le must des deux à la fois.
Que lisais-tu quand tu étais enfant, adolescente ?
De mon enfance, parmi les nombreux ouvrages de la bibliothèque commune de la maison que je partageais avec mes frères, je garde un souvenir ému de La Sixième de Susie Morgenstern. Au collège, je suis tombée amoureuse des œuvres classiques. Je dévorais les Hugo et autres Zola… jusqu’à paradoxalement potasser le bac de français (Rousseau a peut-être eu raison de moi).
Depuis gamine, j’ai une affection toute particulière pour Peter Pan de James Matthew Barrie, l’un des rares livres que j’ai lu, relu et rerelu. Adolescente, j’ai également découvert la BD avec Mafalda, Astérix et autres héros franco-belges dont je dévorais les aventures chez mes parents et grands-parents. Puis, est venu le polar et surtout la littérature anglo-saxonne qui reste ma lecture favorite encore aujourd’hui avec des auteurs fétiches tels Jonathan Coe, Douglas Coupland ou Cormac Mc Carthy (La route, quelle claque : oui, je sais ce n’est pas très littérature jeunesse mais j’aime les paradoxes).
Une anecdote ?
Anecdote personnelle : je viens de fêter mes 38 ans et la formidable équipe de Little Urban (avec la complicité de la team Urban Comics) m’a offert… la magnifique édition de Peter Pan des Saint Pères (édition dont la fabrication, de toute beauté, présente, pour la première fois, la reproduction du manuscrit original du roman Peter Pan & Wendy). Les belles lectures et les belles rencontres, c’est ce qui comble un être solitaire et solidaire.
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